Mesmin Dandjinou

Témoignage de Mesmin Dandjinou, du Burkina Fasso, lu par sa fille Anne lors de l’inhumation au cimetière de Crac’h.

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Bonjour à tous,

Au moment où Geneviève nous quitte je me dois de témoigner de ce qu’elle a été pour moi.

J’ai connu Geneviève lors de sa première venue au Burkina Faso en 1999, pour un cours en base de données aux étudiants de l’ESI. J’étais à l’époque directeur des études dans cette école.

Disponible, engagée pour un réel développement des compétences de qualité au Sud, ouverte aux échanges, sans paternalisme, elle n’a ménagé ni son temps, ni sa santé pour nous accompagner durant près de 19 ans à l’École Supérieure d’Informatique (ESI), afin que nos étudiants aient de solides connaissances en bases de données et conception des systèmes d’information.

Chaque année, elle a su trouver, la fenêtre de 10 à 15 jours pour venir à Bobo-Dioulasso nous partager son savoir, son savoir-faire, son savoir-être, son savoir-faire-faire, son expertise pédagogique, son expérience de la vie tout court. Ce n’est pas qu’elle n’avait pas de contraintes à Paris, à Dauphine, dans sa famille, dans son immeuble, etc., mais elle se donnait aussi comme mission de PARTAGER CE QU’ELLE SAVAIT, CE QU’ELLE AVAIT ET CE QU’ELLE ETAIT avec les amis du Burkina Faso, malgré les situations de forte chaleur, de risques d’attentats et d’enlèvements, etc. Cet amour du Burkina Faso, elle a su le partager avec Annie qui très souvent l’accompagnait dans cette mission.

Le passage de Geneviève au Burkina Faso ne se limitait pas au seul contexte universitaire. Elle recherchait des relations vraies, fondées sur la connaissance des membres de la famille de ces amis. Par exemple, je peux dire que Geneviève connaissait tous les membres de ma grande famille. A chaque fois qu’elle venait à Bobo-Dioulasso, qu’elle soit seule ou accompagnée par Annie, elle s’obligeait à passer voir mes parents pour passer des moments de causerie avec eux. Elle était capable de demander des nouvelles de tous les frères et sœurs, leurs enfants, etc. A l’Hôtel Relax à Bobo-Dioulasso, quand je passais faire la réservation de sa chambre, le personnel de cet hôtel se réjouissait à l’avance de pouvoir recevoir leurs AMIES, Geneviève et Annie. En ville, elle était capable de discuter avec tout le monde. Tout l’intéressait.

L’une des qualités de Geneviève, c’est qu’elle cherchait toujours à aller au fond des choses, à trouver des solutions pérennes aux problèmes. A combien de situations sociales n’a-t-elle pas été confrontée ? Par exemple, à la suite de la visite de l’École primaire de Bindougousso, un quartier de Bobo-Dioulasso, elle avait décidé avec Annie d’y aménager un hangar avec un grand tableau noir pour le travail des élèves, aussi bien ceux du primaire que des collèges et lycées environnants. Suite à la visite de la bibliothèque de l’École de Farakan, un autre quartier de Bobo-Dioulasso, elle et Annie avait décidé d’offrir des livres et des armoires pour un meilleur rangement des livres dans ce local. Elle ne restait pas indifférente aux problèmes d’autrui. Quand M. XXX lui a fait part des problèmes de sa famille (difficultés à scolariser ses enfants), Geneviève et Annie se sont mobilisées pour lui venir en aide, en assurant la scolarisation des enfants, en lui donnant la possibilité de démarrer une activité en mesure de lui fournir des vivres après chaque saison hivernale, etc. Quand Mme YYY a souhaité bénéficier d’une aide pour la scolarité de son enfant handicapé mental, Geneviève et Annie se sont engagées à lui venir en aide chaque année. Presque chaque année, sur le chemin du retour de leur mission, Geneviève et Annie ne manquaient pas de laisser une enveloppe d’argent pour les activités du Mouvement ATD Quart Monde à Ouagadougou.

Geneviève, c’est grâce à toi que j’ai pu refaire un DEA de réseaux informatiques à Paris 6. Tu m’as, en son temps, aidé à rencontrer Guy PUJOLLE et Pascal URIEN. J’ai également profité de tes conseils durant la réalisation de ma thèse à Télécoms Paris. Durant la plupart de mes voyages à Paris c’était chez toi et/ou Annie que je déposais mes valises. Il y a encore 2 ans, j’avais encore des mètres cubes de bagages chez vous deux. Par Geneviève j’ai connu les membres de la famille JOMIER, à Paris, à Rosnarho, à Lyon. Par elle mes enfants, mes étudiants et certains collègues de l’ESI ont été aidés durant leur séjour en France. Grâce à elle, j’avais pu effectuer des heures de TD de réseaux à Dauphine, j’avais aussi en son temps pu faire un stage au Centre de Ressources Informatiques de Dauphine, ce qui m’avais permis d’apprendre beaucoup en matière d’administration des réseaux.

Tellement de choses pourraient encore être dites à ton sujet Geneviève, parce que tu as su te rendre UTILE. Oui je ne t’ai jamais vue porter un fard, et je comprends que cela correspondait à ce que tu étais profondément : cette dame simple, humble, attachée à ce qui est essentiel, en mesure de faire attention aux autres, de partager et de communier avec les autres. Sans me tromper, j’affirme que ta vie n’a pas été inutile. Tu t’es SACRIFIEE pour nous au Burkina Faso. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’an passée, lors de la fête nationale du 11 décembre, on a appelé ton nom à Orodara, une petite ville située à 75 Km à l’Ouest de Bobo-Dioulasso pour t’élever au grade de Chevalier de l’Ordre National Burkinabé. Malheureusement, l’information était tombée tardivement et tu n’as pas pu faire le déplacement, mais on se promettait cette année, lors de ton séjour en mission d’enseignement à l’ESI, de te remettre ta médaille …

Maman Marie JOMIER, je ne veux pas imaginer ta douleur, tellement elle doit être profonde ! COURAGE !

Avec vous Loïc, Yvonne, Alain, Yann, Annie, les neveux et nièces, les beaux-frères, les belles-sœurs, les collègues, les amis, les voisins, la famille de Geneviève au Burkina Faso partage cette grande douleur. Mais avec ma foi, nous levons les yeux et affirmons notre espérance en la VIE ! COURAGE !

Le DIEU de Geneviève a choisi de nous la reprendre en cette période pascale, donnant ainsi à Geneviève l’occasion de FAIRE LE PASSAGE en même temps que CHRIST. De la sorte, Geneviève tu réalises cette parole que JÉSUS-CHRIST lui même disait à ses disciples dans l’Évangile de Jean au chapitre 12, versets 24-25 :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruits. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle« .

Tu as porté et tu porteras encore beaucoup de fruits Geneviève dans nos vies et autour de nous !

Nous ne t’oublieront pas !

Repose-toi donc maintenant de toutes tes bonnes œuvres !

Merci pour tout et que la terre de France te soit légère !

Mesmin DANDJINOU

Ami burkinabé de Geneviève et Annie,
Directeur de l’École supérieure d’informatique (ESI) à Bobo-Dioulasso,
Époux de Sandrine,
Papa de Jean-Emmanuel, de Carmen, de Anne et de Marie-Esther.

Texte initialement publié le 1 Avril 2018