Isabelle Kauffmann

Quelle tristesse. Je pensais à Geneviève aujourd’hui parce que je n’avais plus de nouvelles et parce que Pâques est proche. A Pâques 2016, elle était venue fêter mes soixante ans dans les Vosges. C’est la dernière fois que je l’ai vue. Pendant 3 jours, elle avait été à la fois efficace pour aider, discrète, attentive aux autres et curieuse de mes amis dont certains étaient aussi les siens. Nous étions rentrés sur Nancy en voiture, les dernières à rester pour fermer la colonie, et elle parlait, elle parlait. Elle était aussi à Pâques 2010 chez moi pour fêter une crémaillère un peu douloureuse. Quand j’ai habité Paris entre 2008 et 2011, on se voyait de temps en temps, chez elle, assez tard !! On vidait une bouteille de vin et elle parlait, elle parlait. Mais c’était tellement passionnant tout ce qu’elle savait, ce qu’elle expliquait, ce qui la fâchait, les vies qu’elle accompagnait. Et elle m’écoutait aussi. J’aimais beaucoup nos rendez-vous parisiens. Un soir, on était même parties en vélib pour pique-niquer au bord de la Seine, toujours avec notre bouteille de vin.

La première fois que je l’ai connue un peu profondément, c’est un dimanche de vente de cartes de vœux ATD Quart-Monde à Nancy. Entre 2 messes, on était allées chez elle boire un café (rue Stanislas je crois) et on avait bien échangé. Elle m’a proposée ensuite (avec son plus jeune frère et les Collin, dont Michel, mon futur époux), une croisière dans les îles anglo-normandes. Et également, 2 semaines de ski (à Tignes je crois) où nous suivions Michel sur les pistes noires. Beaux souvenirs de groupe et d’ambiance festive et engagée aussi.
40 années d’amitié, de loin en loin, mais Geneviève savait se rendre disponible et rendre service (par exemple prêter une chambre pour dépanner un enfant, un ami). Un jour à Paris, vers 5h du matin, j’ai débuté une crise de coliques néphrétiques. J’étais seule dans mon studio et connaissant l’intensité de ces douleurs quand elles allaient être vives, j’avais besoin d’aide. C’est elle que j’ai appelée, qui est venue dans le quart d’heure, m’a conseillée l’hospitalisation à Nancy plutôt qu’à Paris, transportée à la gare, mise dans le train pour Nancy, recommandée au contrôleur, a prévenu mon boulot, et préparé l’accueil à Nancy.

Je suis très, très émue d’apprendre sa disparition. Geneviève était une personne hors du commun, exceptionnelle à de multiples écarts et je suis fière d’avoir été un peu son amie.
Je savais qu’elle était en retraite mais pas, comment elle la vivait. J’aurais aimé qu’elle me présente sa Bretagne, que je connais si mal. Elle parlait beaucoup de vous ses frères et sœur. Je me souviens qu’elle m’avait confié qu’en tant que sœur aînée, elle n’avait pas toujours été tendre avec Yvonne. Elle aimait beaucoup sa famille.

Je garde précieusement une ou deux très belles lettres qu’elle m’a envoyée dans des jours de tristesse.
Voilà, c’est peu mais c’est sincère.
Je perds une amie et j’ai mal.
Je pense bien fort à vous qui perdez une sœur, bien trop vite ;
Je vous embrasse sans vous connaître.

Isabelle Kauffmann (dite Coucou ; c’est par mon surnom que Geneviève m’appelait)